Le hanneton forestier est un insecte largement présent dans les massifs forestiers français aux sols sableux, où globalement ses dégâts sont limités. La situation actuelle de pullulation à Compiègne, Laigue comme à Ingwiller ou Haguenau (67) est probablement nouvelle en France.
Sur les massifs de Compiègne-Laigue, le hanneton forestier est un problème qui se superpose à d’autres facteurs défavorables au renouvellement des peuplements et à leur état sanitaire général.
C’est avant tout en plantation que les dégâts sont les plus importants et ont alerté le gestionnaire avec notamment des taux de reprise très faibles. La part du hanneton est sans doute importante ces dernières années même s’il faut bien prendre en compte également la difficulté de reprise intrinsèque du chêne sessile sur des stations sableuses à faible réserve utile et avec une concurrence végétale forte. La perte économique importante est augmentée par le coût des enclos à gibiers et des travaux de maitrise de la concurrence végétale obligatoire sur le massif avec notamment la présence particulière du cerisier tardif.
Les moyens de lutte sont limités et le cycle biologique de 4 ans avec une recolonisation des parcelles lors des grands vols peut remettre en cause les travaux entrepris pour réduire la population localement.
La prise en compte de la problématique est donc complexe avec peu de retours d’expérience de gestion malgré les travaux entrepris par les forestiers allemands confrontés à la problématique depuis plus de 20 ans.
Afin de laisser des possibilités de gestion aux forestiers, l’abandon des plantations de pin sylvestre dans les stations limites pour le chêne pourrait être réévalué avec les différentes structures impliquées dans cette décision. Même si la réussite de ses essais n’est pas assurée compte tenu de la grande polyphagie des larves, il parait raisonnable de ne pas se censurer sur le peu d’options existantes pour maintenir un couvert forestier.
La fragmentation du massif engendrée par l’ouverture des parcelles et l’échec des plantations à suivre constitue un danger important de dépérissement pour les peuplements restants. Si l’on ajoute à cela l’impact possible des larves de hanneton sur les systèmes racinaires des arbres adultes, il est très probable que les peuplements soient fragilisés. Une évaluation à grande échelle sur le massif permettra de quantifier l’état sanitaire général du massif.
Dans ce contexte, il est important d’orienter au mieux la gestion en mettant en place des essais et suivis d’indicateurs permettant de mieux comprendre la biologie de l’insecte et d’évaluer son impact sur les peuplements. Si les résultats à court terme permettront de répondre rapidement aux premières interrogations, des suivis à long terme sont à envisager compte tenu du cycle long de l’insecte.
Si les causes de cette pullulation restent inconnues, il est possible qu’après cette période, un nouvel équilibre se mette en place où le hanneton reprenne sa phase d’endémie. Mais cette phase peut être longue compte-tenu du cycle sur plusieurs années de l’insecte. Il n’y a actuellement pas d’éléments qui vont dans ce sens, le vol de 2016 témoignant d’un niveau de population important sur Compiègne et Laigue.