à l’occasion de la journée internationale des forêts 2019, la section BAUGES de l’UFP74, le Centre Régional de la Propriété Forestière et l’ISETA organisaient une conférence sur l’impact du changement climatique sur nos forêts Haut-Savoyardes.
Claude GEMIGNANI (correspondant Département Santé des Forêts74) et deux élèves de l’ISETA Laura APPAY et François MARTIN nous ont exposé les différents éléments qui influent sur la prolifération des insectes et champignons sur nos arbres.
voici le compte rendu de cette soirée où plus de 100 personnes s’étaient déplacées.
La température a augmenté de 2°c depuis plusieurs années et en Haute Savoie et les périodes de sécheresse sont plus longues. Ce changement climatique a de nombreuses conséquences, telles qu’une augmentation des ravageurs qui remontent vers le nord. Ces ravageurs deviennent également plus agressifs et s’attaquent à une végétation fragilisée par des stress hydriques c’est-à-dire que la demande en eau dépasse les ressources disponibles. Ces sécheresses entraînent aussi un accroissement des risques d’incendie.
Dans ce contexte, le Département santé de la forêt a la mission de diagnostiquer et surveiller la forêt, d’aider les gestionnaires et conseiller les propriétaires. Pour cela, ce département surveille, dans sa globalité, le dépérissement forestier (couleur des arbres, extension de la forêt, diversité…). Celui-ci est plus particulièrement dû aux pluies acides, au changement climatique, à l’abandon des forêts…
Dans les forêts de Haute-Savoie, plusieurs parasites sont actuellement observés :
- Ips typographe insecte de la famille des scolytes :
Il s’agit du problème principal pour les épicéas. Les larves développent des galeries entre le tronc et l’écorce et peuvent tuer un arbre en 3 à 4 semaines.
- La chalarose du frêne qui est un champignon :
Ce champignon qui nous vient de Pologne, s’attaque aux frênes et nécrose les feuilles et le tronc jusqu’à la mort de l’arbre. Il n’existe actuellement pas de traitement curatif. Il faut donc limiter les cultures de frênes, mais il est important de ne pas anticiper les coupes de frêne pour leur permettre de combattre eux-mêmes la maladie. En effet, des souches plus résistantes que d’autres ont été, déjà, identifiées.
- Le cynips du châtaigner qui est une mouche venant de chine.
Ses larves provoquent des galles et s’attaquent aux fruits, ce qui diminuent la production du fruit (jusqu’à 80-85%). Durant l’hiver les œufs se trouvent dans les galles, au printemps ils éclosent et les larves détruisent les fruits, et deviennent des mouches en été et se développent. Cependant, la population de cette mouche est en voie de régression grâce à ses différents prédateurs qui se développent (les oiseaux ou les insectes).
- Le gui est une plante parasite.
Elle est transmise par les oiseaux. Elle se fixe sur toutes sortes d’arbres, les feuillus tels que le peuplier et les conifères tels que le sapin. Cette plante, en se fixant sur l’arbre et en y plongeant ses racines, détruit le bois et fragilise l’arbre. La seule solution est de le supprimer.
- Les chenilles processionnaires du pin
Ces ravageurs, autrefois localisés en méditerranée, se sont maintenant étendus dans une grande partie du territoire français, jusqu’à Paris à cause du changement climatique. Ces chenilles urticantes entrainent de nombreux dégâts et sont dangereuses pour les humains et les animaux (fortes allergies). En hiver, elles sont dans des cocons. Au printemps les chenilles se nourrissent des aiguilles puis à leur maturité commencent leur procession et descendent de l’arbre pour s’enterrer et se transformer en papillon afin de se reproduire.
- La pyrale du buis, arrivé en France par les buis d’importation d’Asie
On trouve la pyrale, à présent, un peu partout et, notamment, en Haute Savoie depuis environ 8 ans. Au départ elle n’inquiétait pas les gardes forestiers car ces parasites s’attaquaient essentiellement aux jardins, mais depuis quelques années ces chenilles s’attaquent aussi aux buis présents dans les forêts et provoquent des dégâts inattendus. Ainsi les buis qui poussaient aux abords des forêts et retenaient les rochers disparaissent ce qui peut entrainer des chutes de pierres. Le buis détruit, en s’asséchant, devient de plus un très bon carburant qui favorise les incendies.
Tous ces ravageurs nécessitent prudence et vigilance. Ils nécessitent de nouvelles approches dans la gestion de la forêt. La principale lutte réside dans le changement de mentalité afin de ne pas simplement favoriser le profit et la productivité, et ainsi avoir une vision plus long terme. La diversité des espèces dans un peuplement forestier est le moyen le plus efficace actuellement car il combine les avantages des espèces (en terme d’immunité, résistance au feu…), diminue le risque de propagation d’un problème à grande échelle d’une monoculture, et favorise une symbiose naturelle (les feuillus hébergent les prédateurs et favorisent leur évolution démographique).