Tribune d’Antoine d’Amécourt, Président de Fransylva :
Retrouvons le bon sens paysan… la forêt et les forestiers ne l’ont jamais perdu ! Alors que le confinement et le ralentissement de l’activité économique nous incitent à réfléchir à nos modes de consommation, je vous invite au nom des forestiers français à (re)trouver le temps long.
Sortie de crise
La crise du Covid-19 nous pousse à la réflexion. Nous nous demandons si nous vivions vraiment durablement ? Partout, les consciences s’éveillent. Les citoyens appellent à un mode de vie moins mondialisé, plus authentique. L’agriculture de proximité fait naître des vocations. Les consommateurs s’appliquent de plus en plus à consommer local, durable, de saison. Le diktat de l’urgence semble être suspendu, mis en parenthèse. Et alors que l’économie ralentit drastiquement, les arbres continuent de pousser et certains produits qui en sont issus (emballage, palettes, papiers…) apparaissent rapidement indispensables à la bonne marche du pays confiné.
Mettons fin à la mondialisation de la forêt
Fortes de 137 essences, les forêts françaises sont gérées durablement par les hommes et les femmes qui entretiennent, récoltent le travail des générations passées, régénèrent et adaptent les forêts pour les générations futures. Aujourd’hui, nous ne récoltons chaque année qu’environ la moitié de l’accroissement naturel des forêts. Et, alors que l’intérêt pour la bioéconomie et les produits bio-sourcés grandit, il est absurde que 70 % du bois utilisé en France soit importé ! L’exemple d’Ikea est à ce titre édifiant puisque vous trouverez quasi exclusivement du bois d’importation dans ces magasins…
Nous avons dans les forêts publiques et chez les 3,5 millions de propriétaires privés toute la ressource nécessaire pour développer davantage la construction bois, la chimie du bois, le développement de nouveaux matériaux biosourcés.
Il faut pour cela relancer les circuits courts, pour le bois comme pour tous les produits de grande consommation. C’est un impératif économique mais aussi environnemental : les forêts françaises captent le carbone, purifient l’eau, sont le plus grand réservoir de biodiversité terrestre. Et plus la demande en bois français de qualité, qui valorise nos essences locales, sera forte, plus les propriétaires seront accompagnés dans leurs démarches de gestion durable, et plus la forêt pourra rendre les services environnementaux attendus par les citoyens.
Nouvelle donne forestière
Après cette pandémie, la forêt française doit plus que jamais être au cœur des équilibres nouveaux. Non seulement les 30% du territoire recouverts par la forêt pourront contribuer au développement économique de la France, mais le développement de la filière forêt bois nous engagera dans un cercle vertueux pour l’emploi, pour l’industrie, et pour l’environnement. Entre perspectives d’emplois durables, valorisants et non délocalisables et bénéfices climatiques et environnementaux, la forêt est la solution qu’attendent les citoyens.