Les forestiers des Bauges en visite dans les Alpes de Haute Provence

les forestiers de la section BAUGES de l’UFP74 Fransylva et le Groupement des Sylviculteurs des BAUGES 73, les structures animatrices des deux organisations (le CNPF et la Chambre d’Agriculture) ont effectué un voyage d’étude prés de MANOSQUE (04) de deux jours les 13 et 14 novembre sur le thème: “Le changement climatique et le risque incendie, impacts sur la gestion de la forêt “

cette sortie forestière était organisée par le Parc Naturel Régional du Massif des BAUGES

1ére étape: Une forêt “dépérissante” est-elle foutue ?
Visite d’une forêt privée avec le gestionnaire ALCINA à Saint Julien en Beauchêne

Nous avons beaucoup discuté de la notion de “dépérissement”, terme
souvent employé par les forestiers. Sauf en cas d’impasse sanitaire (si
plus de 50% des arbres ont plus de 50% de leur houppier dégradé), la forêt
n’est pas foutue ! Un protocole a été mis en place par le gestionnaire pour
quantifier le dépérissement des arbres, ici causé par la sécheresse sur le
sapin et le pin sylvestre.
Dans ce cas, ils préconisent d’éviter les coupes hâtives (ce qui est
différent dans le cas du scolytes) : l’écosystème s’en trouve perturbé et
met du temps à s’en remettre. Faire plutôt des éclaircies modérées pour
amener de la lumière diffuse et favoriser la régénération naturelle.
Généralement, ils commencent par exploiter les cloisonnements (4m de
large tous les 20m, prélève 20% du peuplement). Puis 5 à 8 ans après, ils
exploitent l’interbande. Au bout de 10 ans, il est possible de voir si la
régénération naturelle est suffisante. Si ce n’est pas le cas, ou si elle ne
sera constituée que de sapins, ils pourront envisager des plantations en
enrichissement pour diversifier les essences.

Visite de cette plantation
de 50ha en 1986 (avec pin noir, cèdre, mélèze ,épicéa). Elle n’a jamais été éclaircie et elle a
subi des dégâts : il ne reste plus que les pins .

 

 

2ème étape: Une forêt de cèdre “naturelle” : une ambiance forestière fraiche Visite d’une forêt privée de 80 ha.

Autour du prieuré, les propriétaires ont planté quelques cèdres ramenés de voyage,
il y a une centaine d’années. Naturellement, les cèdres se sont multipliés et recouvrent aujourd’hui 14ha. La gestion de cette forêt a été reprise il y a 10 ans seulement. La forêt, en futaie irrégulière, a une ambiance forestière très fraiche (présence de mousses au sol) et abrite une biodiversité intéressante. Les coupes sont légères et régulières (tous les 3 à 4 ans). Le bois
se vend bien (entre 100 et 120€/m3).
Visite d’une forêt privée avec le gestionnaire AVISILVA à Saint Michel l’Observatoire

Le temps de démarrage de la croissance du cèdre est très lent, mais dès que le stade
“bois moyen” est atteint, il pousse assez vite.
Le cèdre résiste bien aux sécheresses estivales, mais il lui faut de l’eau dans l’année.
Il est par contre cassant au niveau de la cime ce qui risqué avec les neiges lourdes.

3ème étape: La forêt parfaite pour le risque incendie n’existe pas !

Une forêt qui minimise le risque incendie ce sont des arbres distants et sans sous-bois … un verger ! Ce qui n’est pas compatible avec une forêt fonctionnelle. Le bois mort, qui est augmente la quantité de biomasse, et donc de combustible potentiel dans

une forêt, a un rôle de tampon essentiel : il se gorge d’eau l’hiver et restitue son humidité pour maintenir une ambiance forestière fraiche toute l’année. Une forêt étagée est aussi risquée pour les incendies, car le feu communique entre la canopée et le sol. Mais c’est ce qui permet aussi d‘avoir une forêt fonctionnelle et résiliente, ce qui est la clé pour résister aux changements climatiques. La gestion du risque incendie dépasse l’échelle de la parcelle. Il se gère à l’échelle du massif forestier.

4éme étape: La gestion du risque incendie, via les “Plans de massifs”
Rencontre avec le PNR du Luberon, dans la forêt de Bellevue (Manosque)

Visite d’un site concerné par plusieurs ouvrages DFCI : une coupure de combustible autour d’une piste DFCI, ainsi qu’une citerne un peu après. La coupure de combustible est entretenue par une MAEC avec du pâturage une partie de l’année (en site Natura 2000),
pour assurer le débroussaillage sur 20m de chaque côté de la route à moindre frais. Ces ouvrages ont été financés grâce à des fonds FEADER.
Sur ce site, c’est la communauté d’agglomération de Manosque qui gère le plan de massif. Ce dernier est la déclinaison opérationnelle du PDPFCI et prévoie tous les ouvrages nécessaires à la lutte contre les feux.
D’autres secteurs, comme dans le département du Vaucluse, le PDPFCI est suffisamment précis et il n’y a pas eu besoin de plan de massif. Les communes se sont alors regroupées pour gérer les ouvrages DFCI en commun. Autre exemple : le PNR des Alpilles a été missionné pour gérer les infrastructures DFCI sur son territoire.

Visite d’une forêt incendiée sur 247ha. Le feu est parti d’un hangar, suite à des travaux, à l’été 2022. Une étude a été pilotée par le Parc du Luberon, en lien avec l’ONF et le CNPF pour émettre des recommandations post-incendies aux propriétaires forestiers et aux élus.

     

l’équipe au complet de forestiers Baujus