Lutte contre les espèces invasives : nos forêts sont aussi concernées

A l’heure de la mondialisation, il est souvent question d’espèces animales envahissantes et de ses conséquences sur les écosystèmes et la santé humaine : moustique-tigre, frelon asiatique, pyrale du buis, écureuil gris…Mais de nombreuses espèces végétales sont aussi envahissantes et peuvent poser de graves problèmes à nos écosystèmes.

Thonon Agglomération a réalisé une petite vidéo décrivant les principales plantes invasives sur son territoire ainsi que des mesures de lutte contre celles-ci :

https://veille-eau.com/videos/les-plantes-invasives-territoire-de-thonon-agglomeration

Pour autant, la problématique de lutte contre les plantes invasives n’est pas propre à Thonon Agglomération…l’ensemble de notre territoire est confronté à ces invasives. Certaines de ces plantes sont d’ailleurs toujours commercialisées comme plantes ornementales dans les jardins…

Ces plantes, généralement de grande taille, ont un développement très rapide, une reproduction très efficace (graines et boutures) et une absence de ravageurs dans le milieu colonisé. Elles imposent donc une concurrence forte sur la végétation autochtone. Les ripisylves (boisements naturels en bordure de cours d’eau) y sont particulièrement vulnérables, mais cela vaut aussi pour certains peuplements forestiers où les invasives s’installent généralement dans des trouées ou bordures de desserte et peuvent bloquer la régénération naturelle de la forêt.

Si vous êtes confrontés à des plantes invasives sur vos parcelles forestières, voici quelques bonnes pratiques à adopter :

  • agir avant la floraison (afin d’éviter que les graines ne se forment)
  • ne pas broyer les végétaux indésirables : vous risqueriez de le multiplier au lieu de les éliminer ! La plupart de ces végétaux se reproduisent aussi par bouture ou marcottage : en éparpillant des morceaux, vous contribuerez à la dissémination de la plante. De nombreux bords de route entretenus à l’épareuse sont ainsi colonisés…
  • recueillir les végétaux dans des sacs poubelle et les jeter aux ordures ménagères, ne surtout pas les jeter au compost
  • proscrire l’utilisation de produits phytosanitaires (le « remède » pouvant causer plus de dégâts que le mal)
  • préférer un arrachage manuel complet de la plante (en tirant délicatement au plus près de la base de la tige, afin d’arracher également les racines ou les rhizomes)
  • nettoyer les outils utilisés pour la fauche
  • ne pas se décourager : il est souvent nécessaire d’intervenir plusieurs années de suite afin de « fatiguer » les rhizomes qui vont perdre de leur vigueur au fur et à mesure.

Parmi toutes ces espèces invasives, la plus redoutable est sans doute la renouée du Japon. Elle se dissémine très facilement grâce à ses capacités de marcottage (capacité de la plante à former un nouvel individu génétiquement identique à partir d’un fragment de tige). Il faut donc être extrêmement vigilant lors de l’utilisation de graviers et matériaux de remblai (jardins, digues, bords de route…) qui sont le principal mode de dissémination de cette plante invasive ! Cela vaut également pour les dépôts sauvages (interdits) malheureusement très fréquents dans le Bas-Chablais (forêts de plaine facilement accessibles) : les dépôts de matériaux inertes, déchets de tonte, composts domestiques etc. peuvent être un vecteur d’espèces envahissantes.

Si vous y êtes confrontés, voici un tutoriel de lutte contre la Renouée du Japon :

https://veille-eau.com/videos/lutte-contre-la-renouee-atelier-pratique

Il est toujours plus facile de lutter contre une espèce invasive au début de son installation : il est donc capital d’observer régulièrement ses parcelles forestières afin d’éliminer les invasives le plus tôt possible. Gardons également à l’esprit qu’un écosystème en bon état, avec un cortège d’essences diversifiées et bien adaptées, est moins sensible à l’installation des invasives !

Elise Weissenbacher – CRPF